Communiqué de presse

Chaleur extrême : le chef de l’ONU appelle à protéger les plus vulnérables, les travailleurs et les économies

25 juillet 2024

  • Alors que le monde a battu ces derniers jours des records de chaleur, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé jeudi un appel mondial à l’action pour prendre soin des plus vulnérables, renforcer les protections des travailleurs et rendre plus résilientes les économies. 

     

  • (défilez vers le bas pour télécharger le rapport)
Photo : © United Nations

« Dimanche, lundi et mardi derniers ont été les trois jours les plus chauds jamais enregistrés… La Terre devient de plus en plus chaude et plus dangereuse pour tout le monde, partout », a prévenu le chef de l’ONU lors d’un point de presse au siège des Nations Unies à New York.

Ecoles et attractions touristiques fermées

Il a rappelé que cette année, le Sahel a été frappé par une vague de chaleur meurtrière, que des records de température ont été battus à travers les États-Unis, que des villes du sud de l’Europe ont dû fermer des attractions touristiques, et que des écoles ont été fermées en Asie et en Afrique, affectant plus de 80 millions d’enfants.

L’Organisation météorologique mondiale, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et d’autres ont documenté une augmentation rapide de l’ampleur, de l’intensité, de la fréquence et de la durée des épisodes de chaleur extrême.

« On estime que la chaleur tue près d’un demi-million de personnes par an, soit environ 30 fois plus que les cyclones tropicaux », a souligné le Secrétaire général.

C’est dans ce contexte qu’il a décidé de lancer un appel mondial à l’action dans quatre domaines.

Prendre soin des plus vulnérables

Tout d’abord, il a appelé à prendre soin des plus vulnérables, qu’il s’agisse des personnes pauvres vivant dans les villes, des femmes enceintes, des personnes âgées et des personnes ayant un handicap.

« Nous devons réagir en augmentant massivement l’accès au refroidissement à faible émission de carbone ; en augmentant le refroidissement passif – comme les solutions naturelles et le design urbain ; et en rendant plus propres les technologies de refroidissement tout en augmentant leur efficacité », a suggéré M. Guterres.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) estime qu'ensemble, ces mesures pourraient protéger 3,5 milliards de personnes d'ici 2050, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en permettant aux consommateurs d'économiser 1.000 milliards de dollars par an.

Protéger les travailleurs et rendre les économies plus résilientes

Deuxièmement, il a appelé à renforcer les protections des travailleurs, citant un nouveau rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT), qui prévient que plus de 70% de la main-d'œuvre mondiale sont désormais exposés à un risque élevé de chaleur extrême (lire ci-dessous).

Troisièmement, le Secrétaire général a estimé qu’il fallait « renforcer massivement la résilience des économies et des sociétés en utilisant les données et la science ».

« La chaleur extrême affecte presque tous les domaines : les infrastructures se dégradent, les récoltes échouent et la pression s’accumule sur l’approvisionnement en eau, les systèmes de santé et les réseaux électriques », a-t-il dit. « Nous avons besoin d’un effort concerté pour protéger les économies, les secteurs critiques et l’environnement bâti de la chaleur ».

Combattre « la maladie »

Enfin, M. Guterres a estimé que pour affronter la chaleur extrême, mais aussi les ouragans toujours plus violents, les inondations, les sécheresses, les feux de forêt et l’élévation du niveau de la mer, il fallait « combattre la maladie ».

« La maladie est la dépendance aux combustibles fossiles. La maladie est l’inaction climatique », a-t-il ajouté.

Il a appelé les dirigeants dans tous les domaines à « se réveiller et intensifier leurs efforts ». « Les pays doivent éliminer progressivement les combustibles fossiles – rapidement et équitablement. Ils doivent mettre fin aux nouveaux projets de charbon », a-t-il ajouté.

Le stress thermique accable un nombre croissant de travailleurs dans le monde 

Des ouvriers du bâtiment marchent le long d'une route à Daan Hari, aux Philippines.

La chaleur est un tueur silencieux qui menace la santé et la vie de plus en plus de travailleurs dans toutes les régions du monde, affirme un nouveau rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) publié jeudi.

Les nouvelles données de ce rapport intitulé Heat at work: Implications for safety and health (La chaleur au travail : Implications pour la sécurité et la santé) révèlent que les régions qui n'étaient pas habituées à des chaleurs extrêmes seront confrontées à des risques accrus, tandis que les travailleurs des climats déjà chauds seront confrontés à des conditions de plus en plus dangereuses.

Un tueur invisible

Le stress thermique est un tueur invisible et silencieux qui peut rapidement provoquer une maladie, un coup de chaleur ou même la mort. Avec le temps, il peut également entraîner de graves problèmes cardiaques, pulmonaires et rénaux chez les travailleurs, souligne l'étude.

Le rapport indique que les travailleurs d'Afrique, des États arabes et d'Asie-Pacifique sont le plus souvent exposés à une chaleur excessive. Dans ces régions, 92,9 %, 83,6 % et 74,7 % de la main-d'œuvre sont concernés, respectivement. Ces chiffres sont supérieurs à la moyenne mondiale de 71 %, selon les données les plus récentes disponibles (2020).

Selon le rapport, c'est en Europe et en Asie centrale que les conditions de travail évoluent le plus rapidement. Entre 2000 et 2020, cette région a enregistré la plus forte augmentation de l'exposition à la chaleur excessive, la proportion de travailleurs concernés ayant augmenté de 17,3%, soit près du double de l'augmentation moyenne mondiale.

Parallèlement, les Amériques et l'Europe et l'Asie centrale enregistrent la plus forte hausse des accidents du travail dus au stress thermique depuis l'an 2000, avec des augmentations respectives de 33,3 % et 16,4 %. Cela est peut-être dû à des températures plus élevées dans des régions où les travailleurs ne sont pas habitués à la chaleur, note le rapport.

Chaleur extrême

Le rapport estime que 4.200 travailleurs dans le monde ont perdu la vie à cause des vagues de chaleur en 2020. Au total, 231 millions de travailleurs ont été exposés aux vagues de chaleur en 2020, soit une augmentation de 66 % par rapport à 2000. Néanmoins, le rapport souligne que neuf travailleurs sur dix dans le monde ont été exposés à une chaleur excessive en dehors d'une vague de chaleur et que huit accidents du travail sur dix dus à une chaleur extrême se sont produits en dehors des vagues de chaleur.

« Alors que le monde continue de lutter contre la hausse des températures, nous devons protéger les travailleurs contre le stress thermique tout au long de l'année. La chaleur excessive crée des défis sans précédent pour les travailleurs du monde entier tout au long de l'année, et pas seulement pendant les périodes de canicules intenses », a déclaré Vera Paquete-Perdigao, Directrice du département de la gouvernance de l'OIT, qui a produit le rapport.

L'amélioration des mesures de sécurité et de santé pour prévenir les blessures dues à la chaleur excessive sur le lieu de travail pourrait permettre d'économiser jusqu'à 361 milliards de dollars dans le monde - en perte de revenus et en frais de traitement médical - alors que la crise du stress thermique s'accélère, affectant différemment les régions du monde, souligne l'étude.

Les estimations de l'OIT montrent que les économies à faibles et moyens revenus, en particulier, sont les plus touchées, car les coûts des blessures dues à une chaleur excessive sur le lieu de travail peuvent atteindre environ 1,5 pour cent du PIB national.

« Il s'agit d'une question de droits de l'homme, de droits des travailleurs et d'une question économique, et les économies à revenu intermédiaire sont les plus touchées. Nous avons besoin de plans d'action contre la chaleur tout au long de l'année et d'une législation pour protéger les travailleurs, ainsi que d'une collaboration mondiale plus forte entre les experts pour harmoniser les évaluations du stress thermique et les interventions sur le lieu de travail », explique Manal Azzi, chef d'équipe de l'OIT pour la sécurité et la santé au travail.

Mesures législatives

Le rapport examine les mesures législatives dans 21 pays à travers le monde afin de trouver des caractéristiques communes qui peuvent guider la création de plans de sécurité thermique efficaces sur le lieu de travail. Il décrit également les concepts clés d'un système de gestion de la sécurité et de la santé pour protéger les travailleurs contre les maladies et les blessures liées à la chaleur.

Les conclusions s'appuient sur un rapport précédent, publié en avril de cette année, qui indiquait que le changement climatique créait un 'cocktail' de risques sanitaires graves pour environ 2,4 milliards de travailleurs exposés à une chaleur excessive. Le rapport d'avril indiquait que la chaleur excessive était à elle seule à l'origine de 22,85 millions d'accidents du travail et de la perte de 18.970 vies chaque année.

Résultats du rapport par région :

Afrique

  • L'exposition à la chaleur excessive sur le lieu de travail en Afrique était supérieure à la moyenne mondiale, affectant 92,9% de la main-d'œuvre.
  • C'est en Afrique que l'on trouve la plus grande proportion d'accidents du travail imputables à la chaleur excessive, soit 7,2 % de l'ensemble des accidents du travail.

Les Amériques

  • C'est dans la région des Amériques que la proportion d'accidents du travail liés à la chaleur a augmenté le plus rapidement depuis l'an 2000, avec une hausse de 33,3%.
  • Les Amériques ont également une proportion importante d'accidents du travail dus à la chaleur excessive, soit 6,7%.

États arabes

  • L'exposition à la chaleur excessive sur le lieu de travail dans les États arabes était supérieure à la moyenne mondiale, affectant 83,6% de la main-d'œuvre.

Asie et Pacifique

  • L'exposition à la chaleur excessive sur le lieu de travail en Asie et dans le Pacifique était supérieure à la moyenne mondiale, touchant 74,7% de la main-d'œuvre.

Europe et Asie centrale 

  • L'Europe et l'Asie centrale ont connu la plus forte augmentation de l'exposition à la chaleur excessive, avec une hausse de 17,3 % entre 2000 et 2020. Cela représente presque le double de l'augmentation moyenne mondiale de 8,8 %.
  • La région a connu une augmentation rapide de la proportion d'accidents du travail liés à la chaleur depuis 2000, avec une hausse de 16,4 %.

 

Entités des Nations Unies impliquées dans cette initiative

ONU
Nations Unies

Objectifs poursuivis à travers cette initiative