Histoire
22 septembre 2025
Transformer la douleur en espoir : les femmes rurales au cœur du changement avec le projet JP RWEE
« À huit ans, mes parents m’ont déscolarisée. Il fallait que je m’occupe de mes frères, des brebis, de la cuisine et de ma grand-mère. » Le souvenir est toujours vif dans l’esprit de Hanene. Alors que d’autres enfants apprenaient à lire et à écrire, Hanene apprenait à survivre jusqu’à ses dix-huit ans.Un jour de printemps, alors qu’elle travaillait au champ, un homme s’arrêta près d’elle : le directeur du centre de formation agricole régional. Il lui proposa d’apprendre le métier d’agricultrice. « Apprendre ? Ce mot a jailli en moi comme une révélation. J’en ai pleuré dans le champ », se souvient Hanene.Son enthousiasme se heurta rapidement au refus de son père : « La seule fille parmi 24 garçons ! Que diraient les villageois ? » Hanene ne céda pas. Elle partit convaincre les filles du village de s’inscrire et finit par intégrer la formation avec l’aide d’une ingénieure agricole.Grâce à l’appui du Programme Conjoint pour l’Autonomisation Économique des Femmes Rurales (JP RWEE), mis en œuvre par les Nations Unies en Tunisie, elle apprit l’élevage des vaches, l’apiculture, la taille des arbres, les semences, les techniques de greffage et la culture céréalière. Hanene obtint son diplôme d’aptitude d’agricultrice et reçut une bourse de 120 dinars par mois. Elle se maria et commença à labourer les champs de sa belle-famille à Nefza.Aujourd’hui, Hanene n’est plus seulement une survivante, mais une entrepreneuse et une source d’inspiration pour les femmes de son village. Elle regroupe les femmes agricultrices de son entourage, partage son savoir et crée un réseau solidaire d’une dizaine de femmes qui produisent la Oula, provisions d’hiver. À quelques centaines de kilomètres de là à Jendouba, Ghada, diplômée d’anglais trace son chemin malgré de lourdes épreuves. « Ma maman et mon papa sont malades. Mon frère a abandonné ses études. Je ne pouvais pas les laisser seuls », confie-t-elle.Plutôt que de céder au découragement, elle s’est tournée vers les richesses naturelles de sa région. Grâce au projet JP RWEE, elle a rejoint un groupement professionnel et s’est lancée dans la distillation de plantes aromatiques et médicinales « Je commence à maîtriser la distillation. Chaque jour, je découvre la richesse et la diversité des plantes ». Confie-t-elle avec détermination. «Ce projet me donne les moyens d’être autonome… Je veux compenser les sacrifices de ma famille et aider d’autres femmes de ma région ».Ces deux parcours, différents mais liés par la même quête d’autonomie, illustrent l’impact du Programme Conjoint pour l’Autonomisation Économique des Femmes Rurales (JP RWEE) sur les femmes en milieu rural. Mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme Alimentaire Mondial (PAM), ONU Femmes et le Fonds international de développement agricole (FIDA), le projet a déjà touché plus de 2 200 femmes dans les gouvernorats de Kairouan et Jendouba.Son approche intégrée combine formation professionnelle, accès aux ressources productives, renforcement du leadership et accompagnement entrepreneurial, permettant aux bénéficiaires de transformer non seulement leur vie, mais aussi celle de leurs familles et de leurs communautés. « La résilience d’une femme, c’est la résilience de toute une communauté », rappelle l’un des principes fondateurs du projet. Pour en savoir plus sur ce projet, découvrez la vidéo ici: Grâce à ce soutien, Hanene rêve grand pour ses trois enfants scolarisés au primaire : « Je veux qu’ils grandissent dans la connaissance et non dans la soumission ». Quant à Ghada, elle voit désormais son avenir en termes d’opportunités et non de sacrifices.Leurs histoires ne sont pas seulement des combats individuels. Elles incarnent un futur où les femmes rurales occupent une place centrale dans le développement et la transformation de leurs communautés.