Un rapport de l'ONU met la lumière sur les défis des jeunes en situation de précarité
28 septembre 2023
- Plus d’un jeune sur quatre âgé de 15 à 29 ans n’est ni employé, ni en études, ni en formation*. Trois quarts d’entre eux abandonnent leurs études sans obtenir leur diplôme, et presque 45% des NEET non-diplômés se trouvent dans la situation NEET depuis plus de 5 ans.
Ces statistiques sont le résultat d’une étude intitulée « Les NEET en chiffres : Faciliter la transition vers l’emploi », une enquête menée dans quatre gouvernorats de la Tunisie (Gafsa, Kairouan, Monastir et Sidi Bouzid) en 2022. Ce nouveau rapport, lancé par le Représentant des Nations Unies en Tunisie, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), souligne l’importance de l’écoute, de l’accompagnement et du support individualisé de ces jeunes tout au long du parcours de la scolarité jusqu’au premier emploi. Le développement et la mobilisation des jeunes sont des questions transversales intéressant l’Agenda 2030 et ses 17 objectifs de développement durable.
En moyenne, deux NEET sur trois sont au chômage selon l’enquête, tandis que les autres sont inactifs, ne cherchant pas d’emploi ou n’étant pas disponibles dans l’immédiat. Bien que les hommes soient légèrement plus représentés que les femmes dans la population NEET, le taux d’inactivité est plus élevé chez les femmes NEET.
Au-delà du chômage et de l’inactivité, le concept de NEET est surtout utile pour décrire un large éventail de situations de vulnérabilités chez ces jeunes. En effet, la plupart des jeunes NEET ont atteint un niveau d’études secondaires ou supérieures, mais n’ont pas de diplôme. Parmi les raisons de l’abandon scolaire, la majorité des jeunes NEET citent le manque d’intérêt dans la scolarité, les difficultés économiques de la famille et leurs faibles résultats scolaires. Les résultats de l’étude montrent aussi que l’éloignement du système scolaire et de la vie active est également dû à un manque de suivi des jeunes décrocheurs : moins d’un jeune NEET en situation de décrochage scolaire sur dix a été contacté par une structure publique en vue d’une réintégration scolaire. La recherche d’un emploi semble également peu efficace car la moitié des jeunes NEET n’ont jamais travaillé.
Il est nécessaire d’adopter une approche holistique pour répondre à la problématique des jeunes NEET en tenant compte de leurs besoins tout au long du processus allant de la fin de la scolarité à l’emploi, à travers des mesures de prévention visant à lutter contre l’échec et l’abandon scolaire, de même que le renforcement des programmes scolaires pour réengager et réorienter les jeunes en situation de décrochage scolaire.
Le renforcement des politiques actives de l’emploi à destination des jeunes NEET est aussi nécessaire pour éviter des périodes prolongées de désengagement du marché du travail, tout en se concentrant également sur les obstacles culturels et structurels qui empêchent la participation active des femmes et des personnes en situation de handicap au marché de l’emploi.
Enfin, l’étude recommande d’aligner davantage l’enseignement avec les compétences demandées sur le marché du travail de sorte à améliorer les perspectives d’emploi des jeunes NEET. Environ deux tiers des jeunes NEET inactifs citent le manque des qualifications nécessaires comme raison de leur inactivité. Pour que le marché du travail puisse absorber les jeunes de façon satisfaisante, il est aussi nécessaire de créer davantage d’emplois de qualité. En effet, moins d’un jeune NEET sur dix a bénéficié d’une couverture sociale dans son précèdent travail.
Arnaud Peral, Coordonnateur Résident des Nations Unies en Tunisie, souligne que : « L’inclusion de ces jeunes dépend d’un appui transversal et coordonné de tous les acteurs de la société ». Un nouveau Fonds multi-donateurs pour la jeunesse et l’emploi, récemment créé par les Nations Unies en concertation avec le Gouvernement tunisien, pourrait aussi soutenir les actions en faveur de l’inclusion productive des jeunes NEET.
Avant de rejoindre les Nations Unies, M. Peral a occupé des postes de direction au sein du gouvernement français, notamment ceux de Conseiller de coopération pour la coopération scientifique et technique du ministère des affaires étrangères à l'ambassade de France à Cuba, Assistant de recherche au ministère de l'environnement en France, et Assistant de recherche en politiques publiques du ministère de l'agriculture au Chili.
M. Peral est titulaire d'un master en économie du développement de l'Université Paris X à Nanterre, France et d'une licence en politique économique de l'Université Pierre Mendès France de Grenoble, France.