L'Heure de vérité » : Allocution spéciale du Secrétaire général sur l'action climatique
05 juin 2024
"La planète essaie de nous faire passer un message. Mais nous ne semblons pas l’écouter."
Monsieur le Président [Decatur],
Monsieur l’Envoyé spécial [Bloomberg],
Chers amis, chères amies,
Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale de l’environnement.
C’est aussi le jour où le Service Copernicus concernant le changement climatique de la Commission européenne annonce officiellement que mai 2024 est le mois de mai le plus chaud de l’histoire.
Les douze derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés.
Depuis un an, chaque mois nouveau est un nouveau record de chaleur.
La planète essaie de nous faire passer un message. Mais nous ne semblons pas l’écouter.
Chers amis, chères amies,
Le Musée d’histoire naturelle de New York est le lieu idéal pour évoquer cela.
Ce beau musée raconte l’extraordinaire histoire de la Nature. Des forces qui ont façonné la vie sur terre sur des milliards d’années.
L’humanité n’est qu’un tout petit point sur le radar.
Mais comme l’astéroïde qui a fait disparaître les dinosaures, nous avons un impact démesuré.
Or, en l’occurrence, nous ne sommes pas les dinosaures.
Nous sommes l’astéroïde.
Non seulement nous sommes en danger.
Mais nous sommes le danger.
Nous pouvons aussi être la solution.
Chers amis, chères amies,
C’est l’heure de vérité.
La vérité… c’est que près de dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris, l’objectif à long terme consistant à limiter à 1,5 degré Celsius le réchauffement planétaire ne tient qu’à un fil.
La vérité… c’est que le monde émet des gaz à effet de serre si vite que d’ici à 2030, la hausse des températures sera à coup sûr bien plus forte.
De toutes nouvelles données publiées aujourd’hui par d’éminents climatologues montrent que le budget carbone devant permettre de limiter le réchauffement à long terme à 1,5 degré s’établit à environ 200 milliards de tonnes.
C’est la quantité maximale de dioxyde de carbone que l’atmosphère terrestre peut supporter si nous voulons avoir une chance de rester dans les limites fixées.
La vérité… c’est que nous consumons le budget à une vitesse effrénée, en rejetant environ 40 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an.
Il suffit de faire le calcul.
À ce rythme, le budget carbone sera entièrement épuisé avant 2030.
La vérité… c’est que les émissions mondiales doivent diminuer de 9 % par an jusqu’en 2030 pour que la limite de 1,5 degré ne soit pas dépassée.
Mais elles augmentent.
L’an dernier, elles ont augmenté de 1 %.
La vérité… c’est que nous empiétons déjà sur la limite de 1,5 degré.
L’Organisation météorologique mondiale indique aujourd’hui qu’il y a 80 % de chances que la température moyenne annuelle de la planète dépasse la limite de 1,5 degré au cours d’une des cinq prochaines années au moins.
En 2015, le risque était pratiquement nul.
Et il y a une chance sur deux que la température moyenne pour l’ensemble des cinq prochaines années soit supérieure de 1,5 degré à celle de l’ère préindustrielle.
Nous jouons à la roulette russe avec notre planète.
Nous sommes aux portes de l’enfer climatique.
Et la vérité… c’est qu’il ne tient qu’à nous de trouver une issue.
Il est encore à peu près possible de respecter la limite de 1,5 degré.
N’oublions pas que c’est une limite à long terme ; elle se mesure en dizaines d’années, et non en mois ou en années.
Le fait de franchir le seuil pendant une courte période ne veut pas dire que l’objectif à long terme est hors d’atteinte.
Cela veut dire que nous devons redoubler d’efforts.
Maintenant.
La vérité… c’est que la bataille que nous livrons pour atteindre 1,5 degré sera gagnée ou perdue dans la décennie en cours, sous le regard des dirigeants actuels.
Tout dépendra des décisions que ces dirigeants prendront – ou ne prendront pas – en particulier dans les dix-huit mois à venir.
L’étau se resserre.
Plus que jamais, il faut agir, et plus que jamais, il faut saisir l’occasion qui s’offre à nous non seulement d’œuvrer pour le climat, mais aussi de favoriser la prospérité économique et le développement durable.
L’action climatique ne doit pas être à la merci des clivages géopolitiques.
Alors que les dirigeants du monde entier se réunissent à Bonn pour des pourparlers sur le climat et se préparent aux sommets du G7 et du G20, à l’Assemblée générale des Nations Unies et à la COP29, nous devons faire preuve d’une ambition sans bornes, mettre le pied au plancher et coopérer au maximum.
Chers amis, chères amies,
Pourquoi tout ce remue-ménage autour de la limite de 1,5 degré ?
Parce que notre planète est un ensemble de systèmes complexes et interdépendants. Parce que quand il s’agit de l’embrasement de la planète, chaque décimale compte.
La différence entre 1,5 et 2 degrés pourrait être la différence entre disparition et survie pour certains petits États insulaires et certaines zones côtières.
La différence entre minimiser le chaos climatique et franchir des points de bascule dangereux.
La limite de 1,5 degré n’est pas une cible. Ce n’est pas un objectif. C’est bel et bien une frontière physique.
Les scientifiques nous mettent en garde. Si les températures continuent d’augmenter, voici vraisemblablement ce qui se passera :
- La calotte glaciaire du Groenland et la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental seront anéanties et l’élévation du niveau de la mer sera catastrophique ;
- Les récifs coralliens tropicaux seront détruits et avec eux les moyens de subsistance de 300 millions de personnes ;
- Le courant du Labrador s’arrêtera, ce qui déréglera davantage encore les schémas météorologiques en Europe ;
- La fonte du pergélisol se généralisera, provoquant l’émission de très grandes quantités de méthane, l’un des plus puissants gaz à effet de serre.
Déjà aujourd’hui, nous repoussons les limites planétaires jusqu’au bord du gouffre, nous battons des records de température au niveau mondial et nous récoltons la tempête.
Et c’est tourner en dérision la justice climatique que de laisser les moins responsables de la crise en souffrir le plus : les personnes les plus pauvres, les pays les plus vulnérables, les peuples autochtones, les femmes et les filles.
Les 1 % les plus riches émettent autant que les deux tiers de l’humanité.
Et les événements extrêmes amplifiés par le chaos climatique s’accumulent. Ils détruisent des vies, malmènent les économies et mettent à mal la santé. Ils sapent le développement durable, forcent les gens à partir et ébranlent les fondements de la paix et de la sécurité à mesure que les personnes sont déplacées et les ressources vitales épuisées.
Rien que cette année, une vague de chaleur brutale a embrasé l’Asie, provoquant l’assèchement des cultures, la fermeture des écoles et la mort de nombreuses personnes.
De New Delhi à Mexico en passant par Bamako, des villes s’embrasent.
Ici, aux États-Unis, de violentes tempêtes ont anéanti des communautés entières.
Des catastrophes dues à la sécheresse ont été déclarées dans toute l’Afrique australe.
Des pluies extrêmes inondent la péninsule arabique, l’Afrique de l’Est et le Brésil.
Et le blanchiment massif des coraux dans le monde entier, provoqué par la montée en flèche de la température des océans, dépasse les prévisions les plus pessimistes des scientifiques.
Le coût de tout ce chaos frappe là où ça fait mal : cela va de la rupture des chaînes d’approvisionnement à la hausse des prix et à l’aggravation de l’insécurité alimentaire, en passant par la non-assurabilité des logements et des entreprises.
Et la facture va continuer d’augmenter. Même si les émissions sont ramenées à zéro demain, une étude récente montre que le chaos climatique coûtera au moins 38 000 milliards de dollars par an d’ici à 2050.
Les changements climatiques sont à la base de tous les impôts dissimulés par les gens ordinaires et les pays et communautés vulnérables.
Pendant ce temps, les parrains du chaos climatique – le secteur des combustibles fossiles – engrangent des bénéfices records et se régalent de milliers de milliards de dollars de subventions financées par les contribuables.
Chers amis, chères amies,
Nous avons tout ce qu’il faut pour nous tirer d’affaire.
Nos forêts, nos zones humides et nos océans absorbent le CO2 de l’atmosphère. Ils sont essentiels pour maintenir la limite de 1,5 degré ou pour en atténuer les effets si nous la dépassons. Nous devons les protéger.
Et nous avons les technologies nécessaires pour réduire les émissions.
Les énergies renouvelables florissent à mesure que les coûts chutent et que les États tirent parti des avantages qu’offrent un air plus pur, de bons emplois, la sécurité énergétique et un meilleur accès à l’électricité.
L’énergie éolienne et solaire terrestre est la source d’électricité la moins chère dans la majeure partie du monde, et ce depuis des années.
Les énergies renouvelables représentent déjà 30 % de l’approvisionnement en électricité dans le monde.
Les investissements dans les énergies propres ont atteint un niveau record l’année dernière et ils ont presque doublé ces dix dernières années.
L’énergie éolienne et l’énergie solaire sont désormais les sources d’électricité qui se caractérisent par la croissance la plus rapide de l’histoire.
La logique économique rend inévitable la fin de l’ère des combustibles fossiles.
Les seules questions sont les suivantes : cette fin arrivera-t-elle à temps ? Et la transition sera-t-elle juste ?
Chers amis, chères amies,
Nous devons faire en sorte que la réponse à ces deux questions soit : oui.
Et nous devons garantir un avenir le plus sûr possible pour la planète et ses habitants.
Cela veut dire que nous devons agir d’urgence, en particulier dans les 18 prochains mois :
- Pour réduire les émissions ;
- Pour protéger les personnes et la nature des évènements climatiques extrêmes ;
- Pour favoriser le financement de l’action climatique ;
- Et pour mettre un frein au secteur des combustibles fossiles.
Permettez-moi d’aborder chaque élément l’un après l’autre.
Premièrement, il faut réduire considérablement les émissions. Sous l’impulsion des grands émetteurs.
Les pays du G20 produisent 80 % des émissions mondiales. Ils ont le devoir et le pouvoir d’être chefs de file.
Les économies avancées du G20 devraient aller le plus loin et le plus vite possible.
Et faire preuve de solidarité climatique en apportant un soutien technologique et financier aux économies émergentes du G20 et aux pays en développement.
L’année prochaine, les États doivent présenter leurs contributions déterminées au niveau national, c’est-à-dire des plans d’action nationaux pour le climat, qui détermineront les émissions pour les années à venir.
À la COP28, ils sont convenus d’aligner ces plans sur la limite de 1,5 degré.
Ces plans nationaux doivent énoncer des objectifs de réduction des émissions en valeur absolue pour 2030 et 2035.
Ils doivent concerner tous les secteurs, tous les gaz à effet de serre et toute l’économie.
Ils doivent aussi décrire la façon dont les pays contribueront aux transitions mondiales indispensables pour atteindre l’objectif de 1,5 degré et nous mettre sur la voie qui doit nous permettre d’atteindre l’objectif de la réduction à zéro des émissions nettes au niveau mondial d’ici à 2050, d’éliminer progressivement les combustibles fossiles et de franchir des étapes au fur et à mesure, année après année, décennie après décennie.
D’ici à 2030, il faudra notamment réduire la production et la consommation mondiales de combustibles fossiles de 30 % au moins et tenir les engagements pris à la COP28, à savoir mettre fin à la déforestation, doubler l’efficacité énergétique et tripler la capacité en matière d’énergies renouvelables.
Chaque pays doit tenir parole et jouer le rôle qui lui revient.
Cela veut dire que les dirigeants du G20 doivent se montrer solidaires pour accélérer une transition énergétique mondiale juste, alignée sur la limite de 1,5 degré.
Il faut coopérer, pas pointer du doigt.
Cela veut dire que les pays du G20 doivent aligner leurs plans d’action nationaux pour le climat, leurs stratégies énergétiques et leurs plans pour la production et la consommation de combustibles fossiles sur l’objectif de 1,5 degré.
Cela veut dire que les pays du G20 doivent s’engager à réaffecter aux énergies renouvelables, au stockage, à la modernisation des réseaux et au soutien des communautés vulnérables les subventions accordées aux combustibles fossiles.
Cela veut dire que les pays du G7 et les pays de l’OCDE doivent s’engager à mettre fin à l’utilisation du charbon d’ici à 2030 et, d’ici à 2035, créer des systèmes électriques sans combustibles fossiles et réduire de 60 % l’offre et la demande de pétrole et de gaz.
Cela veut dire que tous les pays doivent mettre fin aux nouveaux projets d’exploitation du charbon, dès maintenant. En particulier en Asie, où se trouvent 95 % des nouvelles capacités de production d’électricité à partir du charbon.
Cela veut dire que les pays non-membres de l’OCDE doivent élaborer des plans d’action pour le climat qui leur permettent d’éliminer la production d’électricité à partir du charbon d’ici à 2040.
Et cela veut dire enfin que les pays en développement doivent créer des plans d’action nationaux pour le climat qui servent aussi de plans d’investissement, stimuler le développement durable et répondre à l’explosion de la demande d’énergie en faisant appel aux énergies renouvelables.
L’ensemble du système des Nations Unies se mobilise pour aider les pays en développement à atteindre ces objectifs – c’est là tout le sens de l’initiative « Promesse climatique ».
Chaque ville, chaque région, chaque secteur, chaque institution financière et chaque entreprise doit aussi apporter sa pierre à l’édifice.
Ils doivent être prêts à présenter des plans de transition solides au plus tard à la COP30, qui se tiendra l’année prochaine au Brésil :
- Des plans qui soient en phase avec la limite de 1,5 degré et qui tiennent compte des recommandations du Groupe d’experts de haut niveau sur les engagements en faveur du zéro émission nette ;
- Des plans qui comprennent des mesures sur les émissions de l’ensemble de la chaîne de valeur ;
- Des plans qui fixent des objectifs intermédiaires et prévoient des mécanismes de contrôle transparents ;
- Des plans qui évitent les mesures de compensation des émissions de carbone, qui sont douteuses et qui entament la confiance du public tout en ne faisant que très peu, voire rien du tout, pour le climat.
La Nature ne se laissera pas berner. Les solutions qui n’en sont pas se retourneront contre nous.
J’invite également les scientifiques et les ingénieurs à se pencher d’urgence sur la question de l’élimination et du stockage du dioxyde de carbone et sur les moyens sûrs et durables de traiter les émissions finales des industries lourdes les plus difficiles à épurer.
Je demande instamment aux pouvoirs publics de les aider dans cette entreprise.
Que les choses soient claires : ces technologies ne sont pas la panacée ; elles ne peuvent se substituer à une réduction drastique des émissions ni servir de prétexte pour retarder l’élimination des combustibles fossiles.
Mais nous devons agir sur tous les fronts.
Chers amis, chères amies,
Le deuxième domaine d’action, c’est l’accélération de la protection contre le chaos climatique d’aujourd’hui et de demain.
Quelle honte que les plus vulnérables soient laissés à l’abandon et luttent désespérément face à une crise climatique qu’ils n’ont pas contribué à créer.
Nous ne pouvons pas nous résoudre à un avenir où les riches se réfugient dans des bulles climatisées tandis que le reste de l’humanité subit des intempéries mortelles dans des pays où il n’est plus possible de vivre.
Nous devons préserver les populations et les économies.
Il faut que chaque personne sur Terre soit protégée par un dispositif d’alerte rapide d’ici à 2027. Je demande instamment à tous les partenaires de renforcer leur soutien au plan d’action de l’ONU « Alertes précoces pour tous ».
En avril, le G7 a lancé l’initiative Adaptation Accelerator Hub, qui vise à accélérer l’adaptation aux changements climatiques.
Il faut traduire cette initiative en mesures concrètes d’ici la COP29, afin d’aider les pays en développement à élaborer et à exécuter des plans d’investissement en matière d’adaptation.
J’invite instamment tous les pays à définir clairement leurs besoins en matière d’adaptation et d’investissement dans leurs nouveaux plans d’action nationaux pour le climat.
Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’en mettant la main au portefeuille que nous obtiendrons des changements sur le terrain.
Or, pour chaque dollar nécessaire à l’adaptation aux conditions météorologiques extrêmes, nous n’avons que cinq cents.
Dans un premier temps, il faut que tous les pays développés honorent l’engagement qu’ils ont pris de doubler le financement de l’adaptation pour qu’il atteigne au moins 40 milliards de dollars par an d’ici à 2025.
Ces pays doivent définir un plan clair visant à combler le déficit de financement de l’adaptation d’ici la COP29, en novembre.
Ce dont nous avons aussi besoin, c’est d’une réforme en profondeur.
Cela m’amène à mon troisième point : les finances.
Chers amis, chères amies,
On a coutume de dire que l’argent est le nerf de la guerre, mais aujourd’hui, la distribution inégale des flux financiers pourrait bien nous faire perdre la bataille.
Le système financier mondial doit apporter sa pierre à l’édifice.
Le remboursement de la dette, dont le montant est astronomique, tarit les fonds destinés à l’action climatique.
Le coût prohibitif des investissements met les énergies renouvelables pour ainsi dire hors de portée de la plupart des économies en développement et des économies émergentes.
Tenez-vous bien – malgré le bond des énergies renouvelables ces dernières années, le montant des investissements dans les énergies propres réalisés dans les économies en développement et les économies émergentes, sans compter la Chine, n’a pas bougé d’un pouce depuis 2015.
L’année dernière, seuls 15 % des nouveaux investissements dans les énergies propres étaient destinés à des économies émergentes et à des économies en développement autres que la Chine, alors même que celles-ci représentent près des deux tiers de la population mondiale.
En outre, l’Afrique a accueilli moins d’un pour cent des installations d’énergies renouvelables produites l’année passée, en dépit de la richesse de ses ressources naturelles et de son énorme potentiel en la matière.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, il faudrait que les investissements dans les énergies propres réalisés dans les économies en développement et les économies émergentes autres que la Chine atteignent les 1 700 milliards de dollars par an d’ici le début des années 2030.
En bref, ce qu’il nous faut, c’est une injection massive de financements publics et privés abordables qui permettent de nourrir de nouveaux plans d’action pour le climat ambitieux et d’assurer à tout le monde l’accès à une énergie propre et abordable.
Le Sommet de l’avenir, qui se tiendra en septembre prochain, sera l’occasion de faire avancer la réforme de l’architecture financière internationale et de prendre des mesures face à la dette. J’invite les pays à saisir cette opportunité.
J’invite également les sommets du G7 et du G20 à user résolument de leur influence auprès des banques multilatérales de développement pour les rendre plus efficaces, plus imposantes et plus audacieuses. Et pour leur permettre de mobiliser bien plus de financements privés à un coût raisonnable.
Les pays doivent apporter des contributions substantielles au nouveau fonds pour les pertes et les préjudices. Et veiller à ce qu’il fonctionne à plein d’ici la COP29.
Ils doivent s’unir pour que la COP de cette année aboutisse à de véritables engagements en matière de financement – des engagements qui instaurent la confiance, mobilisent les milliards nécessaires et donnent un coup de fouet à la réforme des banques multilatérales de développement.
Cela étant, sans autres sources de financement novatrices, ces efforts ne suffiront pas.
Il est grand temps de fixer un prix réel du carbone et de taxer les bénéfices exceptionnels des entreprises du secteur des combustibles fossiles.
D’ici la COP29, il faut que certains prennent les devants et ne se contentent plus seulement d’envisager une redevance internationale de solidarité mais bel et bien d’en imposer une dans des secteurs tels que le transport maritime, l’aviation et l’extraction de combustibles fossiles, qui servira à financer l’action climatique.
Cette redevance doit être modulable, équitable et facile à collecter et à gérer.
Il ne s’agit pas de faire la charité.
Il s’agit d’être clairvoyant et de servir ses propres intérêts.
Financer l’action climatique, ce n’est pas faire un geste. C’est répondre à l’impératif d’un avenir vivable pour tous.
Chers amis, chères amies,
Quatrièmement et dernièrement, nous devons tenir tête aux acteurs du secteur des combustibles fossiles qui, depuis des décennies, font preuve d’un inlassable zèle pour entraver le progrès.
Des milliards de dollars ont été dépensés pour déformer la vérité, tromper le public et semer le doute.
Je remercie les chercheurs, les militants, les journalistes et les lanceurs d’alerte qui ont dénoncé ces tactiques, s’exposant souvent à des risques importants sur les plans personnel et professionnel.
Dirigeants du secteur des combustibles fossiles, comprenez bien que si vous ne vous engagez pas rapidement sur la voie de la conversion aux énergies propres, vous menez votre entreprise droit dans le mur – et vous nous entraînez avec vous.
L’an dernier, le secteur du pétrole et du gaz n’a investi que 2,5 % du montant total de ses dépenses d’équipement dans les énergies propres.
Doubler la mise sur les combustibles fossiles au XXIe siècle, cela équivaut à investir dans les fers à cheval et les roues de chariot au XIXe siècle.
Dirigeants du secteur des combustibles fossiles, vos formidables profits vous permettent d’avoir la haute main sur la transition énergétique. Ne ratez pas le coche.
Les institutions financières jouent également un rôle déterminant.
L’argent a le dernier mot.
Il doit parler au nom du changement.
Je demande instamment aux institutions financières de cesser de financer la destruction causée par les combustibles fossiles et de commencer à investir dans une révolution mondiale des énergies renouvelables ; de présenter des plans publics, crédibles, détaillés et assortis d’objectifs précis pour 2025 et 2030 en vue de réorienter les financements des combustibles fossiles vers les énergies propres ; de communiquer à leurs actionnaires et aux autorités de réglementation les risques climatiques associés à leur activité, qu’il s’agisse des risques physiques ou des risques de transition. Cette pratique devrait, à terme, être obligatoire.
Chers amis, chères amies,
Nombreux sont ceux qui, dans le secteur des combustibles fossiles, pratiquent un écoblanchiment décomplexé, alors même qu’ils cherchent à mettre un frein à l’action climatique en se livrant au lobbying, en agitant la menace d’actions en justice et en menant de vastes campagnes publicitaires.
Ils ont pour complicesles agences de publicité et de relations publiques : des messagers au service de la démence.
Je demande à ces agences de ne plus être les complices de la destruction de la planète.
Dès aujourd’hui, refusez de prendre pour clients les entreprises du secteur des combustibles fossiles, et envisagez de vous défaire de celles qui font déjà partie de votre clientèle.
Non seulement les combustibles fossiles empoisonnent notre planète, mais ils sont aussi toxiques pour votre image.
Votre secteur regorge d’esprits créatifs qui se mobilisent déjà en faveur de cette cause.
Ces personnes gravitent autour d’entreprises qui luttent pour notre planète – pas autour de celles qui la saccagent.
Je demande également aux pays d’agir.
Nombreux sont ceux qui limitent ou interdisent la publicité pour les produits nocifs pour la santé, comme le tabac.
Certains font désormais de même avec les combustibles fossiles.
Je demande instamment à tous les pays d’interdire au secteur des combustibles fossiles de mener des campagnes publicitaires.
J’invite également les médias et les entreprises technologiques à ne plus vendre d’espaces publicitaires au secteur des combustibles fossiles.
Nous devons également nous soucier de la demande. Nous pouvons tous changer les choses en adoptant des technologies propres, en éliminant progressivement les combustibles fossiles de notre quotidien et en utilisant notre pouvoir de citoyen et de citoyenne pour faire pression en faveur d’un changement systémique.
Dans la lutte pour un avenir vivable, les citoyens, partout dans le monde, ont une longueur d’avance sur les politiciens.
Faites entendre votre voix et donnez du poids à vos choix.
Chers amis, chères amies,
Nous nous trouvons devant une alternative : créer des points de bascule en faveur du climat – ou basculer vers la catastrophe.
Aucun pays ne peut résoudre seul la crise climatique.
Le moment est venu pour nous tous de passer à l’action.
L’ONU est à pied d’œuvre pour instaurer la confiance, trouver des solutions et mobiliser la coopération dont notre monde a désespérément besoin.
Aux jeunes, à la société civile, aux villes, aux régions, aux entreprises et à toutes celles et tous ceux qui prennent l’initiative d’un monde plus sûr et plus propre, je dis : merci.
Vous êtes du bon côté de l’Histoire.
Vous êtes la voix de la majorité.
Persévérez.
Ne perdez pas courage. Ne perdez pas espoir.
Nous, peuples, ensemble, pouvons vaincre les pollueurs et les profiteurs.
Mais le moment est venu pour les dirigeants de choisir leur camp.
Demain, il sera trop tard.
L’heure est à la mobilisation, l’heure est à l’action, l’heure est aux résultats.
C’est l’heure de vérité.
Je vous remercie.